utopie

Cet hiver, dans le sillage d’une pandémie, de mouvements de protestation mondiaux et d’une élection présidentielle dramatique aux États-Unis, Aperture publie « Utopia », un numéro qui montre que d’autres modes de vie sont possibles – lorsque la volonté collective existe.

Dans « Utopia », des artistes, des photographes et des écrivains imaginent un monde sans prisons, documentent une architecture visionnaire, rendent hommage à l’espace et à la créativité queer et rêvent de liberté à travers l’expression spirituelle de soi. Ils nous montrent que l’utopie n’est pas un projet farfelu, mais plutôt une façon de remodeler notre avenir.

Dans un portrait, Salamishah Tillet évoque les visions de Tyler Mitchell de personnes noires se reposant dans des espaces verts ouverts, un paysage en voie de démocratisation dans lequel Mitchell se demande continuellement : « Que puis-je faire pour réduire les hiérarchies inhérentes à la structure de la photographie et de la prise de vue, de voir et d'être vu ? » Sara Knelman montre les possibilités libératrices des collages féministes de Lorna Simpson, Mickalene Thomas, Sara Cwynar et Alanna Fields. Julian Rose s'entretient avec le cinéaste Matt Wolf à propos de son dernier documentaire, Spaceship Earth (2020), qui suit les personnes qui ont créé Biosphere 2 en 1991. Et Antwaun Sargent retrace les voyages d'artistes noirs queer vers le désir immersif. « Utopia » comprend également des portfolios convaincants de David Benjamin Sherry, Allen Frame et Balarama Heller, dont les œuvres respectives couvrent le temps et la géographie, du New York bohème à une retraite Hare Krishna en Inde.

« L’imagination utopique a tendance à s’agiter lorsque le monde semble à la fois ruiné et malléable », note l’écrivain Chris Jennings, dans une série de réflexions d’auteurs comme Olivia Laing et Nicole R. Fleetwood. Les notions d’utopie ne devraient pas se limiter au fantasme d’une société idéale pleinement réalisée, ou aux projets et expériences sociales démesurés, souvent ratés, parfois désastreux du passé. Nous devrions plutôt considérer l’utopie comme un mode de vision et de pensée qui nous protège du désespoir.